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La Suède et moi

Jakten/La chasse, de Erik Løchen

18 Mai 2017 , Rédigé par JacquesG Publié dans #Cinéma, #Norvège

La BM de Dijon possède ce film en DVD, je l'ai emprunté et viens de le regarder. J'ai également visionné les 4 courts-métrages proposés en bonus.

Jakten, de Erik Løchen, 1959. Norvège. N et B. 94 mn. VOST.

Jakten/La chasse, de Erik Løchen

Je ne vais pas vous raconter le film : référez-vous à votre site habituel ! Je vais simplement vous dire ce que j'en ai pensé.

De chasse, il est bien question dans ce film : le gros de l'action se déroule dans des paysages à la végétation rase où les trois amis chassent effectivement la perdrix, aidés de deux chiens. Ils tirent à plusieurs reprises et abattent plusieurs fois des oiseaux en vol, la femme à contre-coeur semble-t-il. Que les chiens gambadant ou à l'arrêt soient souvent filmés de très très loin constitue pour moi la première énigme de ce film : le réalisateur voudrait-il nous donner à penser que l'objet de la quête est ailleurs, quasi inaccessible ?

Si le cadre est parfaitement délimité, de nombreux flash back nous montrent les deux hommes et la femme dans des situations tout à fait différentes, antérieures parfois de plusieurs années à ce rendez-vous de chasse. On y apprend leur rencontre et leur relation.

Il y a d'emblée quelque chose d'artificiel dans cette relation qui fait que l'on a du mal à adhérer aux sentiments des personnages : l'attirance supposée de l'un pour l'autre, la jalousie, le combat intérieur, en particulier en ce qui concerne le personnage féminin de Guri, tout ceci me laisse froid, je n'y crois pas vraiment. Evidemment, lorsque l'on voit les dernières minutes du film, on comprend que l'on n'avait pas entièrement tort.

Si, sur le fond, le film peut paraître banal, la forme complexe aux multiples perspectives est, elle, un véritable tour de force. Erik Løchen, sans doute pour mieux nous embrouiller, multiplie les approches, utilise des procédés cinématographiques variés, change de style de récit tout au long de son film. Il est rare de voir une matière première simple triturée de cette manière en de si nombreuses variations, à l'exemple de ce que Bach faisait en musique. La séquence de la route en voiture vers le refuge de chasse est envoûtante : je soupçonne Kubrick de s'en être inspiré pour la séquence initiale de Shining. Puis les personnages se mettent à parler en regardant la caméra, comme dans certains films de Godard. Le début du film, qui semble nous dévoiler la fin pour donner ensuite grande liberté de récit au cinéaste, est comparable à ce que fait Welles au début de Citizen Kane. Parfois, l'ambiance est celle des films noirs américains, en particulier la soirée dans un club de jazz : on s'attend presque à voir débouler Bogart ! Et que dire du paysage norvégien à la fois peu spectaculaire mais énigmatique à souhait, sinon que ce paysage est en réalité un des personnages du film, à l'instar du jardin de Greenaway... Un paysage mental pourrait-on dire.

Si le public semble avoir boudé Jakten à cause de son caractère déroutant, le cinéphile, lui, y trouve son compte. 

 

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